"Clash" par Tarek Ben Chaabane

"Clash" par Tarek Ben Chaabane

Cela fait un bon moment que le cinéma égyptien est devenu avare en bons films. Parmi les  productions de 2016, très peu échappent au syndrome « Lambi » ou au  mélodrame prétendument modernisé par un filmage qui mime l’esthétique des séries américaines.

Seuls quelques films émergent du lot aussi bien pour des raisons artistiques que pour les polémiques provoquées à leurs sorties (ou pas !) en salles. Clash de Mohamed Diab, fait partie de cette poignée de bons films égyptiens (et arabes d’ailleurs !). Sélectionné à Cannes, attaqué, chez lui, par les médias en raison du point de vue politique qui s’en dégage, Clash, est un film qui développe une idée de cinéma à partir d’un dispositif de mise-en-scène risqué et assumé jusqu’au bout.

Le film raconte un huis-clos tendu à l’intérieur d’un fourgon de police où s’affrontent manifestants et contre-manifestants (on est au  Caire en 2013, quelques jours après la destitution de Morsi) issus des classes populaires et moyennes. Pour survivre, ces adversaires politiques sont condamnés aux compromis, malgré la haine, dans ce véhicule qui se transforme en cible déplacée de lieu en lieu par les forces de l’ordre. Il est évident que ce microcosme est représentatif d’une frange, dominante, de la société égyptienne. Du moins au niveau du nombre.

Clash est certes un film engagé mais qui n’oublie pas que le cinéma est aussi un art. Celui de raconter une histoire par les images, avant tout… Sans fioritures, le film parvient à maintenir le suspense même si ça piétine un peu à la fin. La belle prestation des comédiens (notamment Tarek Abd Elaziz) donne à chaque fois de l’élan à un récit dont la trame ne supporte pas de flottement. Nelly Kareem prouve dans ce film qu’elle se distingue largement de l’image très ordinaire dans laquelle se sont confinées les actrices en Egypte (entre Lolita et dure à cuire)! La comédienne parvient à trouver le juste équilibre entre retenue et émotion…

Clash est un film lucide, un film de rupture.